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YOANN BOURGEOIS

TENTATIVES D’APPROCHES D’UN POINT DE SUSPENSION / CIRQUE & DANSE
Sur les bassins

LUNDI 31 JUILLET ET MARDI 1ER AOÛT 2023

 

LES TENTATIVES D’APPROCHES D’UN POINT DE SUSPENSION
UN LABORATOIRE D’ÉCRITURE 


C’est parce que je venais d’atteindre l’âge où l’on peut, sérieusement et quel que soit le cours des événements, anticiper les grands traits de notre vie à venir et parler de ses jours futurs avec cet air de passé, que je me mis à élaborer un programme. Cet âge n’était pas un seuil objectif, ni une réalité temporelle : cet âge était la conscience de quelque chose. Quel que soit le nombre de jours qu’il restait, et même selon les plus audacieux pronostics, ce serait trop court. 


Mon programme consistait à désamorcer le temps. Bien sûr, c’était impossible en soi. Mais il existait des méthodes d’approches. Ce serait simple et définitif. Une seule phrase suffirait pour dire cela : « Tentatives d’approches d’un point de suspension. » Quelque chose comme un désir d’œuvre donc, avec ses motifs (chaises, escaliers, sols...), ses variations et ses forces (la gravité, l’équilibre, l’inertie...). Avec cette persévérance pour approcher le présent qui échappe toujours. Et cette conviction qu’un travail prend toute sa consistance dans le temps. C’est donc d’un processus qu’il s’agit, partagé au long court par une équipe engagée. 


APPROCHE 17. ESCALIER / YOANN / OPENING 
L’approche 17 est une danse composée sur Opening de Philip Glass. Cette danse est une simplification de toute trajectoire existentielle – alternance de chutes et de suspensions – le long d’un escalier qui ne mène nulle part. Elle déjoue la chronologie temporelle en déclinant le motif de la réversibilité. 
Sur une partition invisible, le personnage trompe le vide, joue avec les lois de la gravité et de l’apesanteur pour atteindre un état de liberté entre équilibre et déséquilibre. 

C’est un poème visuel qui réinvente une marche vertigineuse et sensible vers le point de suspension, l’instant du présent absolu, quand l’envol d’un corps atteint son apogée et que la chute n’a pas encore commencé. 


NUMÉRO... 
Ce format si spécifique, que l’on croyait tombé en désuétude, revendiqué par un cirque dit « traditionnel », délaissé par un cirque dit « nouveau », serait-il anachronique ? J’ai choisi de réinvestir cette forme, dont la singulière économie présente de nombreuses spécificités. 
Le numéro est la forme courte par excellence. On a souvent mentionné une durée qui avoisinerait 8 minutes, mais cela ne veut rien dire. Le numéro est un condensé. C’est la réduction maximale d’une forme qui atteint sa plus grande intensité.En cuisine, le principe de décoction pourrait lui ressembler. 
Il y a, au bout de ce processus de simplification d’usure par extraction, un rêve d’absolu : un numéro doit tenir debout tout seul. 
Sans l’échafaudage culturel, dans tous les contextes. Un numéro doit pouvoir durer. Malgré la vie qui passe sur les corps, et la vieillesse qui immanquablement vient, le numéro existera tout au long d’une vie. 
Un numéro réussi devra pouvoir jouer partout, tout le temps.
Et pourtant, malgré cette exigence infinie, jamais un numéro ne prétendra au Sens, avec ce « S » majuscule. Il n’a pas cette arrogance-là. Car aucun numéro n’est souverain, pas même le numéro 1. Jamais un numéro n’oubliera la multiplicité des ensembles. Il ne dit rien d’autre que ce qu’il dit, sans nier les autres numéros qui viennent avant, après lui. Il a cette humilité. Le sens n’est qu’en lui et c’est par là, et par là seulement, qu’il rejoint l’universel. 

Interprètes : Yoann Bourgeois / Marie Bourgeois

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