Les salons d'apparat

Le patio 

Le patio était le lieu dans lequel Béatrice accueillait ses visiteurs et donnait ses réceptions.

Son architecture est inspirée de celle des villas de la Renaissance italienne. La plupart des piliers roses soutenant les arches sont en marbre de Vérone. Les autres sont des piliers métalliques supportant la structure. Béatrice a choisi de les dissimuler sous un habile trompe-l'œil imitant les veines caractéristiques du marbre rose. 

Des éléments provenant d’églises ou de couvents rythment le décor de cette salle dont le style tranche avec celui des pièces alentour.

Les décors de la voûte de la galerie qui fait le tour du patio sont la copie de ceux d’un palais vénitien. Quant au plafond suspendu, il était décoré à l’origine d’un ciel en trompe-l’œil.

Le grand salon 

Le plus somptueux de la villa, il donne sur la baie des Fourmis de Beaulieu-sur-Mer. Il est la parfaite illustration du goût prononcé de Béatrice pour le XVIIIe siècle et son raffinement. 

Les boiseries qui ornent les murs proviennent de l’Hôtel de Crillon, à Paris. En 1907, cet hôtel particulier a été entièrement rénové pour devenir le palace qu'il est aujourd'hui. Les anciens décors ont été retirés et Béatrice a obtenu ces panneaux muraux de l'architecte responsable des travaux. 

Le mobilier est dans le plus pur style Louis XVI. Les pieds des tables ou des fauteuils sont droits ou fuselés. Ils ne présentent aucune courbe, contrairement aux pieds galbés des meubles de style Louis XV.

Dans cette pièce…

Le plafond de la seconde partie du grand salon est orné d’une toile marouflée du peintre vénitien Giandomenico Tiepolo représentant Le Char de l'Amour tiré par des colombes. Sa provenance exacte est inconnue mais on sait que Béatrice allait régulièrement en Italie d’où elle l’a certainement rapportée. La restauration récente de cette toile a été financée par les Amis de la Villa Ephrussi de Rothschild. 

Deux grands tapis au sol. Le premier a été confectionné sous Louis XV : deux grands « L » dorés et croisés sont visibles au milieu de la composition. Ce tapis vient de la chapelle du château de Versailles qui en comptait cinq, tous réalisés à la Manufacture royale de la Savonnerie. Les quatre autres ont brûlé à la Révolution. 
Le second tapis a été commandé par Louis XIV. Il faisait partie d’un ensemble de 104 tapis également réalisés à la Manufacture de la Savonnerie et destiné à décorer la Grande Galerie du Palais du Louvre. 

Les tables de jeu. Béatrice jouait beaucoup et à toutes sortes de jeux. Elle invitait régulièrement ses amis à des parties d'échecs, de bridge, de poker ou de tric-trac. On trouve ici une petite table de tric-trac (jeu oriental dont le nom vient du son des jetons et dont l’équivalent moderne pourrait être le backgammon) ainsi qu’une table de whist. Réalisée au XVIIIe siècle par l'ébéniste René Dubois, elle avait été offerte par Marie-Antoinette à l’une de ses amies. 

Le petit salon 

Avec ses deux alcôves, cette pièce a été conçue pour les conversations d’après repas. Elle est décorée de tapisseries de la fin du XVIIIe siècle, tissées à la Manufacture royale des Gobelins à Paris, illustrant des épisodes des aventures de Don Quichotte.

Dans cette pièce...

Les tableaux. Trois tableaux de l’atelier de François Boucher sont ici présents : L’Amour aux colombesle Sommeil de Vénus et Diane sur les nuées. Cet ensemble pictural est complété par les charmantes danseuses peintes par Jean-Frédéric Schall, qui s’en était fait une spécialité à la fin du XVIIIe siècle. 

La toile marouflée au plafond. Elle est l’œuvre de Giovanni Antonio Pellegrini, un artiste vénitien du XVIIIe siècle. Inspirée de la mythologie grecque, elle représente Phaéton qui vient de perdre le contrôle du char de son père Hélios, le dieu du soleil et va mourir foudroyé pour avoir manqué d’embraser le monde.

L’écran de cheminée. Portant le monogramme AM, celui de Marie-Antoinette, il lui a vraisemblablement appartenu. 

Le guéridon. Le plateau en étain est signé Compigné : il est doré et peint d'une vue en perspective du Palais Royal à Paris. Premier tabletier du roi Louis XV, Compigné était célèbre pour ses tableaux en étain estampé qu’il redorait à la feuille d’or et peignait ensuite.