Le salon des singes et le salon chinois
Le salon des singes tient son nom de la décoration de la pièce dans laquelle le motif du singe est omniprésent. La présence de cet animal dans la décoration n'est pas anodine : la singerie était un thème très à la mode au XVIIIe siècle. Béatrice en possédait deux en guise d'animaux de compagnie. Par sa décoration, ce salon témoigne du goût de la baronne pour l’impertinence et la licence du XVIIIe siècle. Les boiseries proviennent toutes d’hôtels particuliers parisiens et figurent des singes musiciens : trompettiste, violoniste, chef d’orchestre, chanteur..., l’orchestre y est au complet.
Au-dessus du miroir sont figurés d’autres singes jouant par exemple à la flamme la plus longue, patinant, faisant des acrobaties ou buvant. La porcelaine de Meissen dans la vitrine sont disposés de petits singes musiciens d’une rare finesse. Ils forment un second orchestre faisant écho au premier sur les boiseries. Cet orchestre serait une caricature de la cour de Saxe. Par exemple, le chef d’orchestre portant la perruque la plus haute, trépignant dans son pantalon rose vif et ouvrant la gueule pour laisser voir ses longs crocs blancs, serait le premier ministre von Brühl. Le succès est phénoménal et le scandale à la hauteur de ce succès. Cet ensemble est un des trésors des collections de la Villa Ephrussi.
Le salon chinois renferme ce que l'on appelle des « chinoiseries ». Ce genre d'objets arrive en France à partir du XVIIe siècle grâce aux ambassadeurs du Siam, l'actuelle Thaïlande. Entre 1684 et 1686, les bateaux qui les accompagnent sont en effet remplis de cadeaux à destination du roi Louis XIV.